Aujourd’hui, les Français se soucient de plus en plus de leurs apparences physiques. Selon une étude de l’Ipsos en 2015, prêt d’un Français sur deux a déjà cédé à la tentation d’un régime. Néanmoins, les régimes peuvent avoir de nombreux méfaits. C’est pourquoi le 6 mai, il existe une journée internationale sans régime, afin de prévenir sur les méfaits du régime. Alors, Pure Media a rencontré Valérie Oertel, diététicienne, afin qu’elle nous en apprenne un peu plus sur cette pratique qu’est le régime…
Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Je m’appelle Valérie Oertel, j’ai 54 ans et je suis diététicienne spécialisée dans le comportement alimentaire. Je suis installée en libérale à Lyon et j’interviens dans un hôpital de jour en addictologie.
Ce samedi 6 mai se déroulera la journée mondiale sans régime, une journée visant à alerter sur les dangers des régimes, êtes vous pour ou contre la pratique des régimes ?
Je suis plutôt contre le régime. Mais tout dépend ce que l’on appelle régime. Dans le langage courant, un régime est le fait de modifier son alimentation afin de perdre du poids. Dans ce cas là, il y a évidemment des précautions à prendre.
Le sans régime n’est mis à l’avant qu’une journée, mais pourquoi faut-il impérativement combattre le régime toute l’année ?
Il est très important de combattre les régimes restrictifs toute l’année car ils font des dégâts aussi bien au niveau physiques qu’au niveau mental. Ils peuvent perturber notre relation à l’alimentation en perturbant notre régulation alimentaire. Il est donc conseillé de faire attention à son alimentation toute l’année.
Concrètement, quels sont les risques que l’on encourt en commençant un régime ?
Très souvent, au départ on est très content de son régime car on obtient très vite des résultats. Et puis petit à petit, il va devenir de plus en plus difficile de se restreindre et de ne plus répondre à ses besoins physiques ou corporels et émotionnels. La sensation de faim et l’envie de manger vont prendre le dessus, tout en jouant beaucoup sur les émotions.
Malheureusement, ces restrictions peuvent entraîner des compulsions alimentaires. Les compulsions alimentaires c’est quand c’est plus fort que soi, on ne voulait manger qu’un petit gâteau, mais on finit le paquet par exemple. Cet enchaînement mène souvent à l’opposé de son objectif. C’est-à-dire, qu’à terme, on prend du poids. Tout ceci est source de beaucoup de culpabilité, de honte, de découragement, voire même de diminution de l’estime de soi. Le problème est que souvent dans ce cas on se dit que l’on va faire preuve de plus de volonté, alors on va encore plus se restreindre. Mais la boucle est bouclée, malheureusement c’est un cercle vicieux. Plus on fait preuve de volonté, moins l’on arrive à son objectif.
Quelles sont les alternatives à un régime que vous proposez à vos patients?
Je propose à mes patients de réintégrer l’écoute du corps pour répondre à leurs besoins en énergie. En passant d’abord par l’écoute des sensations alimentaires comme la faim. Et en s’autorisant à prendre en compte ses envies de manger d’ordre émotionnel
Si les régimes apportent autant de méfaits, pourquoi certains professionnels en proposent encore à leurs clients?
Malheureusement car lors de nos formations de diététicienne, on apprend à proposer des régimes. Je pense que les choses se sont assouplies ces dernières années, mais c’est quand même ce que l’on apprend. En fait, dans les études de diététiques, et de nutrition on va prendre en compte quasiment exclusivement les besoins du corps, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais les besoins symboliques, émotionnels ne vont jamais être évoqués. Et c’est là qu’il y a la création de certains dysfonctionnements.
Le dysfonctionnement viendrait alors de la formation et non des professionnels?
C’est notre formation qui crée ce dysfonctionnement. Après, il existe des diététiciens ou des nutritionnistes qui vont chercher d’autres moyens de faire, et se former à d’autres procédés pour prendre en compte la globalité des besoins de la personne accompagnée.
On a souvent vu des campagnes de publicités pour des régimes magiques, mais jamais pour informer que les régimes étaient dangereux, pourquoi d’après vous?
Je pense qu’il existe de nombreuses publicités, car les régimes génèrent beaucoup de chiffres d’affaires. Que ce soit par les livres, les produits qui vont être vendus, les repas, les substituts de repas, les régimes génèrent beaucoup de ventes.
En revanche, le sans régime génère beaucoup moins d’argent. C’est comme cela que je l’expliquerais.
J’ai l’impression qu’il y a beaucoup moins de pubs pour les régimes miracles qu’il y a quelque temps, est ce que la mentalité évolue ?
Bien sûr qu’il existe une évolution. On entend de plus en plus parler des méfaits des régimes. Mais aussi des approches sans régimes donc je trouve que c’est une bonne chose. Mais de manière assez récurrente, il y a toujours un régime à la mode qui revient. Toutefois, il faut faire attention car il ne s’appelle plus forcément régime aujourd’hui. Désormais, le régime ne fait plus vraiment une bonne presse. Alors, on parle de rééquilibrage alimentaire. Mais un rééquilibrage alimentaire peut être un régime. Récemment, une cliente me disait que son coach sportif lui proposait un rééquilibrage alimentaire à 1200 calories, autant dire que c’est un régime. Cette mode du régime intervient dans un contexte où il y a beaucoup de personnes qui souffrent à cause de leur poids et qui sont en attente d’une solution. Et lorsque l’on propose une solution, qui demande un effort, mais qui paraît avoir des résultats relativement rapidement, c’est toujours très tentant de tester.
Pour beaucoup, le corps parfait est mince et musclé, mais existe il un corps parfait d’après vous ?
Grande question philosophique ! Pour moi, la perfection n’existe pas. Chacun a ses critères. Et puis ce concept de beauté est hautement culturel finalement, selon les pays, les époques, la perception de la beauté du corps est très variée, très diversifiée. Je dirais que chacun peut définir ses propres critères. Je crois que l’idéal c’est comment on se sent dans son corps en dehors de l’aspect visuel ou du chiffre qui s’affiche sur la balance.
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